lundi 16 avril 2012

Interview Philip Catherine en 2001 et 2011 en Vaulx en Velin

Philip Catherine et son Trio jouait au Vigan en 2011 ; en-dessous  2 interviews sympas par Estelle Bouin
fait en 2001 et 2011 à Vaulx en Vellin; lien site en bas de ces interviews

Philip Catherine

Estelle avait 12 ans en 2001 quand elle réalisa l’interview de Philip Catherine pour le projet jazz du collège JB De La Salle, à Lyon. Une décennie plus tard, les retrouvailles ont eu lieu à la fin du concert du guitariste à A Vaulx Jazz 2011.
Nota : l'interview de 2001 reste disponible à la suite de celle-ci.

Vaulx en Velin, le 22 mars 2011
Propos recueillis par Estelle Bouin

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Est-ce que ça vous embête si je ferme la porte ?
Non.
Je suis timide, un peu… Merci pour ce moment.
Merci à vous.
C’est un bonheur.
Vous vous souvenez d’il y a dix ans ?
Oui.
C’est resté dans votre mémoire ?
Oui bien sûr. J’ai relu l’interview et cela a fait remonter bien des choses.
Oui, je comprends.
C’est un plaisir pour moi de faire ce « Dix ans après ».
Je sens que je vais dire exactement la même chose !
Alors, que s’est-il passé pour vous ces dix dernière années ?
L’interview, c’était en 2001, n’est-ce pas ? Et bien, je me suis remarié en 2003. Et puis, trois ans après on a divorcé. Enfin, on a divorcé et puis après vingt mois de séparation, on s’est remis ensemble pour un an et demi. Puis on s’est vraiment quitté, il y a six mois environ, Madi et moi.
C’est déjà un événement dans ma vie en dehors de la rencontre avec cette personne très riche car je l’ai rejointe à la campagne alors que moi j’ai toujours été citadin, toute ma vie. Et même si j’avais gardé mon appartement à Bruxelles, j’ai habité à la campagne pendant de nombreuses années. Sa maison est située à l’extrémité d’un petit village. C’est un endroit magnifique. Il y avait des moutons, un chien, quatre chats, une rivière, dans laquelle je n’ai jamais été pêcher d’ailleurs. Mais je n’étais pas entraîné pour cela. C’était très… très joli. Il y avait un potager, une serre, des fleurs. Mais comme je ne fais pas de jardinage…
D’autres événements importants depuis dix ans ? Je suis devenu grand-père (trois fois) , il y a six ans, d’une charmante petite fille qui s’appelle Méline et d’une autre fille qui s’appelle Luisa, née il y a trois mois et mon autre fille, elle, a eu un petit garçon il y a un an qui s’appelle Clément.
Vous avez deux filles, n’est-ce pas ?

Oui, et ma fille aînée a décidé de se lancer comme chanteuse. A trente-cinq ans, vous vous rendez compte ? Elle s’appelle Isabel. Elle a été DJ,pendant quelques années.. Elle a arrêté dès qu’elle a été enceinte, en 2005. Elle menait une vie incroyable. Quand je voyais sa tête alors qu’elle rentrait d’une soirée… Le lendemain, elle apparaissait complètement détruite, dans un état de fatigue extrême. Elle s’est calmée un peu. Beaucoup d’ailleurs. Elle a ensuite travaillé dans un beau magasin de vêtement à Bruxelles. Puis à son congé maternité, nous avons commencé à faire de la musique ensemble, à faire des petites maquettes. Elle venait chanter chez moi…
Ça a du être un grand moment pour vous ?
Oui, mais je ne m’y attendais pas du tout. Elle avait eu des cours de piano, quand elle était jeune, et fait de la danse classique. Elle avait donc des bases. Mais elle avait tout arrêté à dix-huit ans. Et maintenant, dix-sept ans après, elle veut chanter ! Je dois dire que je suis fort impressionné par son talent. Ce n’est pas un talent spectaculaire, mais c’est profond. Quand elle chante, quelque chose se passe. J’avais un concert en Belgique la semaine passée, dans une salle de mille personnes, avec Philippe Aerts et Bert Joris. C’était un hommage àChet Baker et le jour-même, à deux heures de l’après-midi, je l’ai appelée pour l’inviter, en pensant que c’était une bonne occasion pour elle de monter sur scène. Ça s’est très bien passé car il y a quelque chose de très beau dans sa voix. C’est aussi un événement pour moi, pas seulement familial.
Maintenant, je suis complètement célibataire et j’habite dans mon petit appartement près de la gare du Midi. C’est très pratique pour un grand voyageur. Je mets dix à treize minutes pour aller à la gare.
Vous voyagez toujours autant ?
C’est la seule façon que j’ai trouvée pour gagner ma vie ! Je n’ai pas vraiment d’autre choix malgré mes études universitaires qui ne m’ont jamais servi professionnellement. J’ai fait deux ans de droit et trois ans de sciences économiques, mais je n’ai jamais utilisé cela. Pas une seconde !
Par rapport à ces études plutôt classiques, la lettre de Jean-Luc Ponty a été la plus forte, non ?
Oui. Cette fameuse lettre, que j’ai reçue à la sainte Catherine, un 25 novembre 1970, le même jour que celui de ma démobilisation militaire… Une vraie lettre, sans doute arrivée chez moi puis ensuite à la caserne où j’étais, près de Cologne en Allemagne. Cette lettre de Jean-Luc où il me demandait de rejoindre son groupe a été une charnière dans ma vie. Peut-être que sans cette lettre j’aurais essayé de trouver un boulot dans une banque ou quelque chose comme ça. Mais je ne savais pas très bien quoi. Je ne me sentais pas très compétent pour cela. Mais je n’étais pas sûr encore de faire de la musique. Je trouvais invraisemblable de faire le métier de musicien, même à vingt-huit ans. Mais Jean-Luc m’invitant, il était très célèbre, je me suis dit que c’était important. Je n’ai pas laissé passer la chance. J’ai joué un an avec lui. Et puis j’avais un ami musicien, qui connaissait bien le patron deBerkeley college à Boston, qui m’a proposé de prendre de cours gratuitement là-bas pendant trois mois. Je n’avais qu’à payer mon voyage et mes frais. C’est un beau cadeau que j’ai reçu. C’est la première fois que j’étudiais vraiment la musique. Avant cela, c’était les sciences économiques et le droit !
Nettement moins mélodieux…
Oui. Mais peut-être tout de même une expérience de discipline et de travail. On s’est vu en 2001, n’est-ce pas ? Depuis, j’ai beaucoup joué en fait. Avec plein de musiciens différents. Notamment en trio et en quartet avec Bert Joris à la trompette, Philippe Aerts ou Hein Van de Geyn à la contrebasse, et plusieurs batteurs, Hans Van osterhoutMimi Verderame. Aujourd’hui c’est Antoine Pierre, dix-huit ans. Il a une bonne culture musicale. Il écoute tout. Il est très ouvert. C’était notre troisième concert ensemble ce soir.
J’ai fait un disque en solo, Guitars two que j’aime assez. Je l’ai appelé ainsi car j’avais fait un disque en 1975 qui s’appelait Guitars. J’avais à cette époque le projet suivant : enregistrer seul sur plusieurs pistes. Mais en cours de route j’ai modifié le projet, quand des musiciens sont passés par Bruxelles avec lesquels j’avais une très forte envie de jouer. J’ai donc changé la couleur du projet. Le producteur était Marc Moulin et je lui ai également demandé une trentaine d’années plus tard de produire Guitars Two . C’est lui qui a proposé ce titre. D’abord parce qu’il y a deux guitares sur presque tous les morceaux et, ensuite, pour faire souvenir avec Guitars. C’est le dernier disque qu’il a produit avant de mourir d’un cancer peu après que le disque sorte. C’était un grand ami, très à l’écoute des autres, très généreux, très cultivé. Il écrivait des pièces de théâtre. Il a écrit des bouquins, notamment un sur la surenchère dans nos sociétés. Il a sorti aussi de très beaux disques sous son nom, une musique avec cohabitation de musique électroniques et de musiciens réels. J’ai aussi rejoué durant ces années avec Charlie Mariano, qui est mort il y a deux ans. Heureusement un disque en concert est sorti de ce dernier trio que nous avions initié en 1970 et continué dans les années quatre-vingt.
Vous sources d’inspiration ont-elles évoluées à travers ces années ?
Ça dépend. Ces derniers mois, j’ai essayé d’approfondir ce que j’ai étudié dans la musique qui me passionnait dans les années soixante, soixante-dix. Parfois je me demande si ce n’est pas stupide ou si c’est vraiment bien. Je ne sais pas. J’ai recommencé a étudié la musique de Miles Davis, de John Coltrane, de Django Reinhardt aussi, des choses que je n’avais pas bien comprises à l’époque. Je me dis quelquefois que je fais peut-être fausse route, que je m’inspire trop d’autres musiques. Je suis dans un passage comme ça où je travaille beaucoup ma guitare et où je ne le remarque même pas, c’est très bizarre. Je vais peut-être prendre des cours ou demander conseil pour améliorer les choses… Je ne fais à peu près que cela maintenant que je suis seul, de la guitare, hormis m’occuper de mes petits-enfants. Le soir, pour me détendre, je regarde souvent une série télé en faisant du vélo d’appartement pour garder la forme.
J’allais vous demander ce qui vous permet de vous ressourcer.
Oh ça, ce n’est pas pour me ressourcer ! C’est juste pour décompresser, être dans une autre réalité. Je me rends compte que c’est une évasion. Je regarde cela trois quart d’heures et je ne me couche pas trop tard. Que fais-je encore ? Une thérapie aussi, pour aller mieux. Ça prend pas mal de temps. Se connaître un peu soi-même. Je refais du yoga et de la méditation depuis quelques mois, de la façon la plus quotidienne possible.
Vous le ressentez dans votre musique ?
Je ne sais pas vous répondre, là. Je n’ai aucune réponse à donner. Cela m’aide peut-être à ne pas trop me dégrader, à rester calme, le plus jeune possible… parce que la nature est inexorable. Je ne vais pas rajeunir…
Dans la précédente interview, vous nous disiez que l’important pour vous, c’était de faire passer le mieux possible l’émotion, vos émotions. C’est très réussi je crois, et cela me fait du bien. Merci.
Ça me fait plaisir d’entendre ça, merci. En fait je ne pense pas à faire passer des émotions, mais je suis content si de l’émotion touche l’auditeur. Au fond je n’ai pas l’impression que la musique transmette une émotion préexistante à la musique, mais que la musique elle même suscite des émotions. Je ne sais pas si c’est vrai ce que je dis là, mais je crois que c’est plus juste de le dire comme cela. Il y a des émotions intrinsèques à la musique, me semble-t-il, qu’on ne trouve pas dans les romans, dans les peintures...


Caluire & Cuire, le 11 décembre 2001.
Propos recueillis par Estelle Bouin et Kelly Chauffour.

Philip Catherine

Comment avez-vous débuté la musique ? Y avait-il des musiciens dans votre famille ?
Du côté de ma mère, oui. C’était une grande mélomane, elle aimait beaucoup la musique. Sa sensibilité musicale était très grande et elle jouait aussi un peu de piano. Son père, que je n’ai pas connu car il est mort avant ma naissance, était violoniste professionnel dans un orchestre symphonique à Londres. Il paraît qu’il était premier violon.
Cela vous a t’il influencé ?
C’est ma mère qui m’a le plus influencé. Je trouve qu’elle avait une façon particulière d’entendre la musique. Elle était très sensible à la musicalité de ce qu’elle écoutait, si c’était bien chanté, bien joué... Elle remarquait tout et exprimait ses sentiments à travers l’écoute musicale. Elle est morte il y a seulement un an et demi et, c’est encore récent, je lui ai fait entendre divers genres musicaux. Et je réagissais à sa façon personnelle de réagir à la musique. Je lui demandais souvent conseil d’ailleurs.
Comment avez-vous choisi votre instrument ?
J’ai pris cet instrument par hasard. J’ai acheté ma guitare, je ne sais plus très bien en quelle année, en 1955 ou 1956... Je n' avais encore jamais entendu cet instrument. A cette époque-là, on ne l’entendait pas comme aujourd’hui. La première guitare que j’ai entendu à la radio a été celle de Georges Brassens. C’est grâce à lui que j’ai acheté ma guitare et, j’ai demandé au magasin s’ils connaissaient un professeur de guitare afin d’apprendre les chansons de Brassens. Mais très vite, j’ai appris d’autres choses !
Le jazz, c’est une musique de rencontres. Comment choisissez-vous les gens qui vous accompagnent ?
En fait, vous avez raison. C’est une musique où les rencontres sont importantes. Pour découvrir de nouveaux musiciens, la plupart du temps, c’est le bouche à oreille qui fonctionne. J’entends parler d’un musicien et ainsi de suite... En 1985 par exemple, je jouais avec Chet Baker. Un jour, Chet m’aparlé d’un bassiste, qui s’appelle Hein Van De Geyn, que je ne connaissais pas du tout à l’époque et qui en plus habitait ma ville, Bruxelles. Dans le même temps, un ingénieur du son m’a parlé du même bassiste. Je l’ai appelé, il est venu chez moi avec sa basse, et tout de suite cela sonnait bien. Depuis 1985, nous jouons régulièrement ensemble. Le bouche à oreille était de bon conseil. Lui-même (Hein Van De Geyn) m’a parlé du pianiste avec qui je joue ce soir, Bert Van Den Brink. En effet, lors d’un voyage, Hein m’a fait écouter une cassette de Bert Van Den Brink dans le train et je l’ai découvert ainsi. Je l’aurais pas entendu à la radio ! C’est ainsi que les choses se font. Alors j’ai invité Bert à joindre notre groupe.
Quel bénéfice tirez-vous de ces rencontres ?
Il est énorme. Comment dire ? D’abord je ne joue jamais seul sur scène. J’ai besoin des autres, ils m’apportent beaucoup, et j’aime que la musique soit interactive. Alors on s’arrange pour que cela le soit le plus possible. L’un joue et je réagis. On s’écoute jouer. Parfois on ne réagit pas sciemment car cela peut être intéressant aussi. Donc le bénéfice est immense ; c’est tout ce que l’autre peut apporter à un groupe.
Est-ce que les gens avec qui vous jouez deviennent des amis ? Sont-ils plus que rencontres musicales ?
Ils n’empiètent pas sur ma vie privée, mais je suis en général très amis avec les musiciens qui m’accompagnent car nous partageons beaucoup de temps ensemble. Dans les faits, on se voit peu à domicile car nous habitons dans des pays différents. Mais aujourd’hui par exemple, avec le batteur et le pianiste, on a passé plus de trois heures ensemble dans le train. Cela laisse du temps pour les discussions et nous continuerons encore demain en rentrant. Seules les distances géographiques entre nos lieux de vie nous empêchent de nous voir plus souvent.
Quelle est la rencontre qui vous a le plus marqué ?
Les personnalités qui m’ont marqué sont nombreuses ; j’ai eu beaucoup de chance. L’âge aidant, depuis le temps que je joue, j’ai rencontré beaucoup de monde. Si je ne devais en citer qu’un, je dirais Chet Baker. C’était sans doute le plus musical et le plus profond des musiciens avec qui j’ai joué. Mais c’est injuste de ne citer que lui.
Vous composez beaucoup, d’où vient votre inspiration ?
En fait, je suis à la recherche de quelque chose qui me parle. Cela me demande du travail, de la concentration. J’aime faire quelque chose qui n’existe peut-être pas, je l’espère du moins, et qui me parle. Pour la composition, j’utilise tout ce qu’il est possible d’utiliser, un crayon, une gomme, un ordinateur, ma guitare. Dans le temps j’utilisais le piano, des enregistreurs. Mais ce que je recherchevraiment dans la musique quand je compose des mélodies, c’est ce quelque chose qui me touche quelque part, en espérant évidemment que cela émeuve également les autres.
C’est un travail qui prend du temps. Est-ce compatible avec la vie du jazzman, toujours sur la route ?
Je ne suis heureusement pas toujours sur la route. Cela fonctionne par période. Je fais une centaine de concerts par an, ce qui me laisse finalement deux cents jours loin de la maison avec les déplacements. Votre question est très bonne car c’est difficile pour moi de passer de la vie à domicile à la vie en tournée. J’éprouve toujours des difficultés à partir de la maison. j’appréhende cela parce que souvent je suis plongé dans un travail de composition, ou alors je travaille la guitare, la technique, et c’est difficile de tout laisser en plan. J’ai peur de casser mon élan. Alors sur la route, je m’arrange différemment, je vis d’une autre façon, j’aménage mon temps. Tout à l’heure par exemple, je suis arrivé à l’hôtel et j’ai pu faire une heure de guitare avant de venir à la salle de concert. J’ai continué mon travail sur une composition personnelle et je crois avoir trouvé la solution pour achever un passage de ce morceau. Je saisis les occasions.
N’avez-vous jamais imaginé une autre vie ?
Mais je ne savais pas du tout que je serai musicien un jour ! Je n’avais pas encore imaginé cela. J’ai toujours eu du mal à imaginer l’avenir. Encore aujourd’hui, c’est un exercice difficile. Je ne sais pas ce que j’aurais pu faire d’autre. Je sais seulement que je jouais déjà avec des professionnels en 1961, à l’âge de dix-sept ans. Je n’avais pas fini mes études secondaires. On m’avait dit que j’étais doué pour la musique et qu’il fallait que je m’y consacre entièrement. Contrairement à cela, j’ai fait des études de droit et de sciences économiques parce que je ne pensais aucunement à devenir musicien, même si je jouais avec des musiciens professionnels. Je crois que j’avais peur de rentrer dans la vie professionnelle. Peur des risques, peur de rater mon coup. La musique était mon violon d’Ingres. Je jouais durant les week-ends et les vacances scolaires, notamment avec Lou Bennett, un organiste américain. Dans les années soixante, il m’a emmené en Tchécoslovaquie, en Espagne. On a fait plein de voyages professionnels ensemble. Mais les études continuaient et j’imaginais peut-être travailler dans une banque, derrière un guichet, allez savoir ! Je ne voyais vraiment pas ce que j’allais faire de ma vie. C’est par chance que j’ai continué dans la musique. Je dois de la gratitude à Jean luc Ponty. A 28 ans, alors que je terminais mon service militaire, il m’a demandé dans une lettre de rejoindre son quintet. C’était le dernier jour de mon service, le 25 novembre 1970, jour de la sainte Catherine ! C’est comme ça que j’ai débuté ma carrière, et je n’ai jamais arrêté depuis. Donc, imaginer une autre vie, je ne sais pas. Médecin peut-être, entrer dans les ordres... (rires) ! facteur...
Vous avez des enfants ?
Oui, j’ai deux filles qui ont vingt-cinq et vingt-trois ans. L’une sera médecin et l’autre est D.J. Elle fait de la house music.
D’un concert à l’autre, d’une ville à l’autre, quelles impressions retenez-vous des lieux que vous traversez ?
Je me souviens surtout des gens que je rencontre, le personnel des hôtels, les taximans, les contrôleurs de tickets dans les trains, les sonorisateurs, les éclairagistes, les jeunes qui m’interviewent sur les lieux de concert ! le public, les garçons de public. Je n’ai pas le temps de visiter les lieux, les monuments, alors ce sont les gens qui demeurent dans ma mémoire.
Ca en fait pas mal !
Oh oui, dans le monde entier.
Quelle question ne vous a t’on pas posée à laquelle vous aimeriez répondre ?
Oh, c’est une bonne question ça ! peut-être auriez-vous pu me demander quelles sont les qualitésnécessaires pour faire de la musique. Je crois qu’il en faut tout un mélange. En tout cas, il faut du courage, de la persévérance et de la concentration. Personnellement, j’ai du mal à me concentrer,mais c’est en musique que j’y parviens le mieux. En général, je fais toujours plusieurs choses en même temps. Du coup, je suis distrait et j’oublie mon ordinateur dans le train par exemple, etc. Même quand je fais de la musique, il m’arrive malheureusement de penser à d’autres choses. Je fais des gammes pendant que j’imagine ce que je pourrais écrire... Sortir du présent, c’est très mauvais pour moi ! J’essaie tant bien que mal de rester concentré sur ce que j’ai à faire.
C’est pas facile ?
Non, c’est pas facile. Mais qui a dit que la vie serait facile ? La vie est difficile, ça c’est sûr. Je regrette que l’on n’informe pas suffisamment les enfants, dès leur plus jeune âge, que la vie est difficile et qu’il nous faut, en quelque sorte, essayer de ne pas la compliquer plus encore.
Après toutes ces années, toutes ces rencontres, n’y a t’il pas de lassitude ? Est-ce toujours une fête de venir jouer sur scène ?
Je crois que cela dépend de l’hygiène de vie que l’on a. J’ai eu des périodes difficiles, où je buvais beaucoup par exemple, qui ont engendré des moments de lassitude et de désespoir. Mais aujourd’hui, je vis de manière plus saine, alors je m’amuse partout où je vais ! En tout cas plus qu’avant.


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