dimanche 10 juin 2012

Louis Joos expose à Paris dans la Galerie Oblique

Un excellent dessinateur bruxellois expose à Paris dans la galerie Oblique



« L’Artiste :
Né à Auderghem en 1940, Louis Joos est un personnage hors du commun.
« Dessiner, c’est se poser énormément de questions. Le dessin n’est, à mes yeux, pas un geste mais plutôt une mentalité. »
Sa première BD, Louis Joos en posa les jalons dans la revue subversive Aménophis. « A l’occasion d’un numéro sur les champignons, j’ai initié une bande dessinée que j’ai achevée et envoyée à tout hasard à Futuropolis. » Le succès d’estime ne tarda pas. Une carrière venait de naître.
Le dessinateur consacra assez rapidement ses talents aux ambiances enfumées, aux histoires sombres et au côté marginal du jazz. Certains ne le connaissent que pour cette partie de son oeuvre mais dès 1991, l’illustration de livres jeunesse vint donner une autre dimension au travail de l’artiste. « Depuis des années, Pascal Mottet, plus connu sous le nom de Rascal, m’invitait à une collaboration mais le simple fait de feuilleter un quelconque exemplaire de Martine m’effrayait. Les bouquins didactiques avaient éveillé en moi des réticences difficilement surmontables. Il parvint finalement à me convaincre. » L’album Escales marqua sa véritable entrée dans le livre de jeunesse. Il y utilisa des techniques aussi variées que le fusain, l’aquarelle et la peinture à l’huile.
Tout en continuant dans cette voie, il poursuivit son histoire d’amour avec le jazz. Anecdote éloquente s’il en est du talent de Joos, Monk fut dessiné d’une traite, sans brouillon. Sa manière d’opérer a toujours étonné. « Si j’ai pu découvrir le Canada, je ne suis jamais parti aux Etats-Unis. Je m’inspire donc des photos de livres et revues, d’images enregistrées à la télévision tant dans les reportages que dans des fictions. Quand je sens l’idée mûre, je dessine de tête, sans modèle, agrégeant des souvenirs en un amalgame composite. »
Quant aux thèmes évoqués, « ils relèvent souvent de la réalisation de soi face aux difficultés. Des problèmes rencontrés par quelques marginaux obligés de se conformer à ce qu’attend d’eux la société. Il s’agit d’une recherche d’équilibre entre liberté et rigueur. Mes personnages sont curieux et inquiets. Ce qui les intéresse les effraie… »
« Seuls les chiffres intéressent pas mal de monde. Moi j’avais besoin d’une ambiance. On passe notre temps à préserver notre réalité. Cela ne m’intéresse pas. J’ai beaucoup apprécié Cendrars, Bukowski et Céline avant que je ne connaisse le personnage. Le paroxysme, la colère organisée m’intéressent. J’apprécie au plus haut point la jubilation d’écrire même des choses extrêmement noires. Ces auteurs m’ont plu et ont stimulé mon désir de découverte. »
Une curiosité que Louis Joos suscite à son tour…

L’Exposition :
« Peindre la note bleue
Et si la note bleue était noire ? Si Louis Joos avait su, seul, lui donner une âme de papier, d’encre et de silence ?
Joos, c’est l’écrivain-dessinateur, un voyageur en encre de Chine, un biographe du pinceau. Sa vie est dédiée à la musique. Au jazz, surtout. Et son oeuvre est sa vie. Parce que son oeuvre est tout entière tournée vers cette seule passion pour les portées musicales et les « gueules » qui l’ont fait rêver de toute leur voix ou de tous leurs doigts. Louis Joos n’aime pas le jazz. Il le vit. Et il le peint. Il en joue. Lui-même pianiste, il ne dédaigne pas poser le pinceau, parfois, pour caresser le clavier du piano, le temps d’un air de Thelonious Monk.
Monk. Mingus. Des noms qui font rêver. Des noms qui sonnent. Courts. Percutants. Comme un rappel de la musique. Louis Joos leur a consacré un livre à chacun. Mais dans la carrière déjà longue de ce dessinateur d’exception, le jazz ne prend pas toute la place. Il prend celle du noir et du blanc. Car rien ne peut mieux rendre compte de l’ambiance d’un concert dans une boîte enfumée que l’encre de Chine et l’eau. Voire le pastel gris sur la feuille. Joos aime les taches de noir qui éclaboussent le papier, les tramés gris, les éclaboussures. Car ce noir et blanc qu’il maîtrise comme peu de ses confrères est à lui seul le frère d’armes des blanches et des noires qu’il aime tant déchiffrer sur la portée. » © THIERRY BELLEFROID


lien: http://www.citizenjazz.com/Louis-Joos-At-the-Village.html

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