jeudi 23 août 2012

Trio Zéphyr dans Citizen Jazz

Trio Zéphyr dans Citizen Jazz ((http://www.citizenjazz.com/Trio-Zephyr,3467431.html)






Sauve tes ailes


Trio Zéphyr

Delphine Chomel (vln, voc), Marion Diaques : (vla, voc), Claire Menguy (cello, voc), Steve Shehan (perc)
Remarqué avec le saxophoniste Pierre Diaz sur le très beau Jour de Vent, enregistré comme le présent album sur le label La Buissonne, le trio (à cordes) Zéphyr est un voyageur au long cours qui nourrit sa musique aux sources de différents fleuves. De formation classique (violon, alto, violoncelle), les musiciennes, également chanteuses, aiment à bâtir leur musique entre patrimoine écrit et expression populaire. Voilà plus de dix ans qu’elles pérégrinent tout autour de la Méditerranée et de ses dispersions sud-américaines en s’efforçant d’inventer un langage hybride, loin des synthèses et de toutes les fusions.
Si, avec Pierre Diaz, le voyage s’attardait avec langueur dans une Espagne meurtrie, Sauve tes ailes se veut plus vagabond. Poussé par un vent ardent, Zéphyr aime à nous perdre dans le déluge de cordes comme sur la carte sans boussole de ses influences. C’est avec un plaisir mêlé d’étourdissement qu’on les suit dans cette course effrénée, de « L’Euphrate », où l’alto bâtisseur de Marion Diaques se lance dans une course folle avant d’être apaisé par des voix à l’unisson, à « Grenade », où la violoniste Delphine Chomel et la violoncelliste Claire Menguy devisent dans l’atmosphère rougeoyante d’une musique pleine de soleil et de feu.
Pour le suivre dans cette errance, le trio a invité un autre bourlingueur, Steve Shehan, rencontré lors d’une collaboration commune avec Hadouk Trio. Ce percussionniste, qui a joué avec Paul McCartney aussi bien qu’avec John McLaughlin sculpte la musique du trio pour l’arrimer quelques instants à un territoire, notamment dans la douce saudade de « Taladjinata » (qui permet de goûter de nouveau à la finesse du travail d’enregistrement de Gérard de Haro). Lorsqu’il intervient, la musique prend des allures plus pop. Ainsi, au pivot de l’album, sur le très onirique « 3 cycles » qui rassemble en une seule pièce toutes les impressions du voyage, on croit percevoir çà et là des effluves d’un Dead Can Dance devenu chaleureux.
Car il ne s’agit pas ici d’un fantasme de l’ailleurs réorchestré tel qu’on peut l’envisager dans laworld music, mais d’une migration en liberté qui picore ses références comme on s’enrichit d’un voyage ; bien sûr on reconnaît dès le début de « Sauve tes ailes » un goût prononcé pour Philip Glass. On retrouvera plus tard, notamment sur « Perles », de lointaines fragrances d’Orientalisme debussyen ou encore quelques ocres indiennes parsemées par Shehan au gré d’« Indella ».
Sauve tes ailes (tes elles ?) n’est pas une simple apostrophe, mais plutôt une incantation nous invitant à préserver une légèreté synonyme de Liberté. Par exemple, le choix de chanter dans une langue inconnue, comme chinée au fil des voyages, permet au trio de ne pas s’ancrer dans une seule culture mais de s’approprier une vision cosmopolite qui rehausse la mélodie. On le suit avec délectation dans son périple.
par Franpi Barriaux // Publié le 6 août 2012


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